Jean-Paul (par discrétion, vous ne le verrez pas) est l'heureux propriétaire d'un
SuperMaramu 2000, fleuron jusqu'à cette année de la
marque française AMEL. C'est un bateau d'exception de 16 m
gréé en ketch (c'est-à-dire avec un
deuxième mât plus petit que le mât de grand-voile)
super-équipé pour la croisière (voiles sur
enrouleurs, winchs électriques, moteur de 80 cv, clim, machine
à laver séchante, frigo, congélateur,
lave-vaisselle que nous n'utiliserons pas, groupe
électrogène, etc, etc,...) De quoi naviguer pendant des
mois !!! Étant plus habitué aux bateaux à moteur, il cherchait un équipier pouvant le seconder à la manoeuvre. Après une sortie de trois jours en mai avec son beau-frère Michel, il m'invite à faire une croisière de trois semaines en Corse accompagné de Virginie. C'est ainsi que nous le rejoignons au bateau où il nous attend avec Florence, Julien et Benoît. Le premier jour, nous faisons une petite sortie au large de Saint-Raphaël. Jean-Paul veut voir si tout le monde a le pied marin. Essai concluant, et après quelques manoeuvres où tout l'équipage participe, nous rentrons au port préparer la traversée du lendemain. Après une bonne nuit on fait l'avitaillement, une ou deux petites réparations, on déjeune et l'après-midi, on part, cap au 120° en direction de Calvi. Enfin quand je dis 120°, c'était plutôt 180° car on avait le vent dans le nez jusque tard dans la soirée. Ensuite, pétole et on a marché une bonne partie de la nuit au moteur. Jean-Paul prend le premier quart avec sa fille et Julien. Puis je le relève à 02h00 accompagné de Virginie et de Benoît. C'est magique de voir le lever du soleil en pleine mer. Au petit matin, le vent se lève et on peut éteindre le moteur. Çà aussi, c'est magique, surtout pour ceux qui dorment, malgré que le compartiment moteur soit très bien isolé sur ce bateau, on ressent toujours les vibrations. Nous avons croisé quelques groupes de dauphins dont certains sont venus jouer à l'étrave. Çà, c'est méga-magique !!! La traversée a été assez longue car le vent n'était pas très fort et nous sommes arrivé à Calvi vers midi. Prise de coffre au mouillage devant le port et nous sommes restés deux jours pour visiter et nous reposer, non sans faire une sortie le lendemain pour parfaire nos enchaînements de manoeuvres. Les filles commencent à apprécier de barrer. Puis c'est le départ pour longer la côte ouest de la Corse, qui est quand même la plus jolie à voir, car la plus montagneuse et celle disposant du plus grand nombre de mouillages (plus ou moins bien abrités selon la direction et la force du vent). Nous n'irons pas très loin car au bout d'une heure de navigation, Benoît remonte du carré en annonçant un peu inquiet que les planchers de l'avant du bateau flottent. Après une brève vérification, ce n'est pas très grave. On ferme quelques vannes (en fait le problème vient apparemment de la goupille du propulseur d'étrave qui n'est pas en place), ceux qui ne craignent pas le mal de mer écopent les quelques 200 litres qui étaient entrés (heureusement que le SuperMaramu est cloisonné et que seul l'avant s'est rempli car sinon, le volume qui serait rentré pour faire flotter les planchers aurait été énorme) et on peut reprendre notre route vers le sud. A cause de ce petit contretemps, nous n'irons que jusqu'à Galéria, qui est un mouillage très sympa, avec un village typique. Le lendemain, nous traversons la réserve de la Scandola, qui est pour moi un des plus beau coin du rivage corse. L'île Gargalu, la baie de Girolata, magnifiques !!! Le soir, nous mouillons juste derrière la pointe de la Parata après avoir passé la passe des îles sanguinaires. Le lendemain nous rejoignons le port Tino rossi d'Ajaccio où nous avons réservé une place pour deux nuit. Au programme, repos et visite de la ville. C'est là que benoît nous quittera pour prendre un avion vers paris. Puis nous reprenons la mer, ayant comme but de rejoindre Bonifacio, car Jean-Paul y a réservé une place au port à partir de septembre et il veut voir comment est le port. Nous faisons une nuit au mouillage à Porto Pollo et quand nous arrivons à Bonifacio, le vent est assez soutenu, chose qui n'est pas rare entre Corse et Sardaigne. Je me mets à la manoeuvre pour prendre une place au ponton, mais comme le port n'est pas grand et qu'à cause du vent, du monde s'est réfugié au port, il ne reste pas énormément de places et le personnel du port veut à tout prix nous faire rentrer dans une place pour un bateau de 12m. Après deux essais très mouvementés, il faut bien se rendre à l'évidence: çà ne passe pas et il faut aller ailleurs. Nous irons pour finir au quai d'honneur, au milieu des gros yachts à moteur, pour le plus grand plaisir de Julien qui visiblement apprécie ce genre d'engin. Cette péripétie a fait changer d'avis à Jean-Paul, il ne prendra pas de place à l'année à Bonifacio. on a eu quand même de la chance de ne pas abîmer le bateau ou celui d'un autre propriétaire. Je crois que celle qui a eu le plus peur a été Virginie qui nous voyait déjà rembourser les dégats. Par contre Bonifacio est une très jolie ville où on peut faire plein de belles photos. On y est resté deux jours, le temps que le vent se calme afin de traverser vers la Sardaigne, qui nous appelait du haut des falaises de l'extrémité sud de la Corse. On a quand même fait la traversée avec un petit force 6/7, mais heureusement c'était au portant et donc très confortable, sous génois seul à 9 ou 10 noeuds. Par contre pour trouver un mouillage abrité, il a fallu qu'on traverse le chapelet des îles de la Maddalena et on s'est retrouvé dans le Golfo Pevero, au sud de Porto Cervo. Bien à l'abri, on a pû se consacrer un peu à l'entretien du bateau: la porte du frigo s'étant tout-à coup affalée dans la cuisine, julien nous a trouvé un petit atelier dans un hôtel sur la plage où nous avons pû bricoler la patte de la porte. Jean-Paul m'a dit que cette réparation n'avait pas tenu très longtemps, le trou s'étant ovalisé à force de manoeuvres répétées. Au moins cela nous a-t-il dépanné pendant quelques semaines. Personnellement, la Sardaigne m'a un peu déçu car je l'imaginais plus sauvage encore que la Corse et en fait, ce que nous en avons vu est très urbanisé, un peu comme sur la côte d'azur. Il faut reconnaître que nous n'y sommes pas resté longtemps et que nous sommes sûrement allés à l'endroit le plus touristique de l'île. J'y retournerai un jour pour me faire une deuxième opinion. Nous sommes rapidement rentré en Corse car Jean-Paul avait commandé les pièces d'un winch que nous avons abîmé lors de l'envoi du ballooner. Le ballooner est une deuxième voile que l'on installe en ciseau avec le génois sur le même étai, ce qui donne au bateau une allure de papillon et qui ne s'utilise bien sûr qu'au portant (vent arrière). Je considère les séances de bricolage sur le bateau comme une occupation agréable et nécessaire si l'on veut garder un navire en bon état de navigation. Comme nous avons écourté notre séjour en Sardaigne, cela nous a permis de remonter côté est de la Corse jusqu'à Porto-Vecchio qui n'était pas prévu initialement dans notre voyage et que nous avons revu avec plaisir, y étant déjà allé dans les années 95. Une petite réparation de l'antenne du Navtex, qui sert entre-autre à recevoir des messages météo, puis nous remettons le cap sur Propriano, terme de notre séjour. En passant, on a pû encore profiter de quelques baies et mouillages superbes comme le golfe de Santa Manza, celui de Porto Novo, le golfe de Santa Giulia, les îles Lavezzi et à mes yeux la plus belle plage de corse: Roccapina dans le golfe d'Erbaju. Une grande langue de sable blanc sans habitation ni route, où les baigneurs ne se marchent pas dessus. Après 440 miles, soit plus de 800 kms, voilà Propriano, fin de la croisière pour nous où Jean-Paul nous laisse pour faire un dernier trajet jusqu'à Ajaccio où Florence et Julien reprendront le ferry un jour après nous. Ce fût pour nous un voyage très sympa avec une très bonne ambiance et .....au prochain !!! |