Pourquoi vouloir faire un convoyage? En fait, je pense que la première raison est d'enchainer les miles nautiques sans s'arrêter, et donc en prenant des quarts de nuit sans voir la terre pendant quelques jours. Je me suis dit que se serait une bonne expérience. J'ai été servi. En fait, nous nous sommes retrouvé à deux sur ce cyclades 50 que Xavier devait convoyer de Gruissanjusqu'en Croatie. Lui, il a l'habitude, il est skipper professionnel, a fait plus de 30 transats, au moins deux transpacifiques, et son quotidien est d'être sur l'eau. Après la préparation du bateau, quelques courses, et une nuit à quai, nous appareillons vers midi. "Comme on n'est que deux, et pour pouvoir dormir par période de 4 heures, on fait des quarts de 4 heures" me dit-il. "Je prends le premier quart et tu me relèves à 16h00". Je m'éxécute et prends donc mon quart à 16h00, jusqu'à 20h00. Et on enchaine comme çà les quarts, toutes les 4 heures pendant les huit jours que durera le voyage, en se croisant sans trop se parler. En fait, le rythme est très dûr pendant les trois premiers jours, pendant lesquels on ne pense qu'à une chose: réveiller l'autre pour pouvoir aller se coucher et emmagasiner les heures de sommeil....Dormir, dormir, dormir... On arrive quand même à discuter, principalement pendant les repas qu'on prend ensemble. Lui, c'est "Allez l'OM", moi, définitivement "Allez le LOSC". Et comme les deux équipes se tirent la bourre pour la 3ème place en cette fin de championnat, il y a de l'ambiance.(Notez que Lille a fini 3ème). Et puis on parle beaucoup de mer, des quelques nav que j'ai fait, et de toutes celles qu'il a fait à travers le monde. C'est, pour finir, un mec intéressant, un peu bourru, mais intéressant. Ce voyage est aussi l'occasion de voir des dauphins. Je pense qu'on en a vu presque tous les jours. A la fin, on se lève à peine pour les voir jouer avec l'étrave. Et puis beaucoup d'oiseaux qui, en pleine mer, viennent se reposer sur les bateaux qu'ils rencontrent. On en a même eu un qui est rentré dans le carré, et qu'il a fallu faire sortir pour éviter qu'il ne pourrisse les équipements. Il fallait qu'on rende le bateau le plus propre possible. Après deux arrêts/gasoil express à Bonifacio et à Reggio, au sud de l'Italie dans le détroit de Messine, nous arrivons finalement à Split où nous devons faire les papiers de dédouanement du bateau, avant de l'amener à sa base de location: Troglir, terminus de notre convoyage. Un retour sur Split en bus nous permet de découvrir l'intérieur des terres de la région. C'est pas très reluisant et je ne viendrai pas y passer mes vacances. Et puis le soir, nous prenons le ferry en direction de Ancôna, en Italie, à bord duquel nous passons enfin une vrai nuit de sommeil, avant de prendre le train qui nous ramenera en France. Ce fût une bonne expérience, qui m'a montré combien étaient fatiguants les prises de quarts à deux et la nécessité d'être plus nombreux à bord lors de grandes traversées (trois est un minimum, quatre est à mon avis le top). |